Boubker Sabik : « La police marocaine a changé »
Nouveaux uniformes, nouveaux matériels mais aussi responsabilités et reddition des comptes… Après un redressement en interne, Boubker Sabik, responsable du pôle communication de la Direction de la Sûreté nationale, livre les premiers résultats de ces transformations de la police marocaine, dans son bilan 2017.
Depuis sa nomination à la tête de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Abdellatif Hammouchi s’est tracé une priorité : faire le ménage au sein d’un corps dont l’image n’a pas toujours été reluisante. S’il est plutôt connu sous sa casquette d’homme au service des renseignements – il est toujours patron de la Direction générale de la Sécurité du territoire (DGST) –, il se consacre de plus en plus à sa mission de diriger la police, maniant la carotte et le bâton.
Le premier policier du royaume gère pas moins de 65 000 fonctionnaires de la Sûreté nationale. Il est aux petits soins avec ses troupes, dont il attend un comportement irréprochable et un rendement à la hauteur. Promotions et indemnités pour les méritants, mais aussi sanctions et avertissements pour ceux qui ont failli à leurs devoirs.
Le bilan de l’année 2017 est le résultat de trois années de redressement interne. Boubker Sabik, responsable du pôle communication au sein de la DGSN, en donne les principaux résultats.
Jeune Afrique : En 2017, la DGSN a connu un mouvement de promotion interne qualifié d’exceptionnel. En quoi consiste-il ?
Boubker Sabik : Nous avons promu quelques 8 644 fonctionnaires de police de différents grades : 6 292 en uniforme, 2 312 en civil et 44 cadres interministériels, qui sont mis au service de la DGSN. Ces chiffres sont en sensible augmentation par rapport à ceux de 2016 et 2015. Depuis l’arrivée d’Abdellatif El Hammouchi à la tête de la direction en 2015, 22 180 fonctionnaires ont été promus, soit le tiers du total des effectifs de la DGSN.
Un fonds de soutien a été créé pour aider ceux qui souffrent de maladies chroniques et qui n’ont pas les moyens
Objectif : avoir une police plus réactive et plus efficace qui pourra faire face aux nouveaux défis sécuritaires, mais aussi une police citoyenne proche du citoyen. La particularité des avancements 2017, c’est qu’ils ont touché à plus de 80 % les grades inférieurs à celui d’officier de la paix.
Est-ce pour atténuer la situation de précarité dont se plaignent les policiers ?
Leur situation a sensiblement évolué. Nous ne sommes plus dans cette image dévalorisante. À côté de la hausse des salaires, il faut aussi noter l’amélioration des services sociaux. Pour la première fois, les policiers ont droit à une prime annuelle selon leurs grades.
Un fonds de soutien a été créé pour aider ceux qui souffrent de maladies chroniques et qui n’ont pas les moyens. Cette année, ce fonds a aidé 465 fonctionnaires avec des sommes variant entre 3 000 et 30 000 dirhams. La Fondation Mohammed VI pour les œuvres sociales de la Sûreté nationale a vu son champ s’élargir au pèlerinage, à l’aide au logement, aux colonies de vacances….
Que fait la police pour améliorer son image auprès des citoyens ?
En initiant une politique d’ouverture et en leur garantissant le droit d’accès à l’information. En septembre 2017, pour la première fois de son histoire, la DGSN a organisé des journées portes-ouvertes avec présentation de tous ses corps et des simulations de combat devant les citoyens. Pendant les trois jours, le nombre de visiteurs a dépassé les 80 000. Ils ont suivi des exercices de motards sur leurs grosses cylindrées, des commandos antiterrorisme en simulation de prise d’otage, des parades de la cavalerie…
Plus de 5 428 sanctions et mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre des policiers défaillants
Quant à la communication, le premier service qui lui a été dédié au sein de la DGSN a été créé en 2008 mais uniquement dans le siège à Rabat. Depuis 2015, des cellules de communication ont été ouvertes dans dix-neuf commandements de police à travers tout le Maroc. Nous sommes maintenant une quarantaine de personnes dédiées à la communication. En 2017, nous avons publié pas moins de 1 646 communiqués intéressant l’opinion publique ou touchant à l’action sécuritaire. C’est sans compter des centaines de reportages audiovisuels et des campagnes de sensibilisation dans les écoles.
Quelles sont vos actions pour lutter contre les cas d’abus de pouvoir et de corruption dans les rangs de la police ?
La politique de moralisation vise à corréler la responsabilité à la reddition des comptes. Les commissions d’inspection ont effectué vingt-trois opérations d’audit, que ce soit dans les services centraux ou dans les régions. Plus de 5 428 sanctions et mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre des policiers défaillants.
Nous voulons mener les policiers vers des performances mais également vers le respect de la loi. Pour faciliter leur mission, de nouvelles infrastructures de sûreté ont été introduites, de nouvelles brigades régionales et un équipement au top de la technologie.
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